Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

La BCE et le taux de change de l’euro
information fournie par Le Cercle des économistes 26/04/2021 à 08:43

Christian de Boissieu
Christian de Boissieu

Christian de Boissieu

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Professeur Émérite d?économie

https://www.pantheonsorbonne.fr/accueil

Fin 2019, la BCE a lancé une revue stratégique de sa politique, et Christine Lagarde vient d’annoncer que l’exercice débouchera à l’automne prochain sur des propositions concrètes. Pourquoi mettre autant de temps ? (Crédit photo : BCE)

Fin 2019, la BCE a lancé une revue stratégique de sa politique, et Christine Lagarde vient d’annoncer que l’exercice débouchera à l’automne prochain sur des propositions concrètes. Pourquoi mettre autant de temps ? (Crédit photo : BCE)

Face à un horizon encore assombri par la crise du Covid-19, la Banque centrale européenne confirme son arsenal de soutien monétaire. Alors que la BCE juge prématuré le débat sur la fin des achats massifs de dette, Christian de Boissieu analyse la situation du côté de l'euro et de la politique de changes menée actuellement.

Un objectif de change ? Comme à son habitude, la BCE est sur le sujet d'une prudence de Sioux. Lors de sa conférence de presse, jeudi 22 avril, Christine Lagarde est restée évasive : « Nous continuerons également de surveiller les évolutions du cours de change en lien avec leurs implications éventuelles pour les perspectives de stabilité des prix à moyen terme ». On peut par-là comprendre que la BCE accueillerait volontiers, et dans certaines limites, un recul de l'euro vis-à-vis du dollar, car cela doperait un peu l'inflation dans la zone euro, encore trop basse en comparaison de la cible d'inflation de la banque centrale. Inversement, une montée de la monnaie européenne rendrait encore plus compliquée l'atteinte de cette cible.

Dans les premiers mois de 2021, les marchés avaient tendance à extrapoler le (léger) recul de l'euro ; ils voyaient dans la relance massive pratiquée par l'administration Biden la source d'une forte reprise aux Etats-Unis suscitant une remontée des taux de la Fed, d'importantes entrées de capitaux outre-Atlantique et donc une appréciation du billet vert. Je n'étais pas seul, mais nous étions peu nombreux à tirer de la relance Biden une implication inverse pour les changes : par-delà l'inévitable yo-yo du court terme, le creusement considérable anticipé pour les déficits jumeaux américains (déficit budgétaire et déficit extérieur), engendré par une telle relance sans commune mesure avec celle de l'Europe, pourrait fragiliser le dollar.

Faut-il conserver la cible d'inflation

Dans le passé, plus d'une fois, l'explosion de ces déficits jumeaux a fait chuter le billet vert. On voit, sans surprise, que tout cela va dépendre de la résultante de deux forces inverses : d'un côté, l'ampleur, absolue et relative, de la reprise américaine qui pousse le dollar à la hausse (et l'euro à la baisse), de l'autre le creusement du double déficit qui l'entraîne vers le bas. A l'horizon des dix-huit prochains mois, j'ai tendance à privilégier le deuxième effet et donc le scénario d'une appréciation de l'euro. Je prends bien sûr le risque d'être pris à contre-pied : les prévisions de taux de change sont encore plus délicates que celles relatives aux prix du pétrole ou aux taux longs.

L'euro vaut aujourd'hui autour de 1,20 dollar. S'il devait, à l'horizon évoqué, se rapprocher de 1,30 dollar, nous retrouverions un peu la configuration d'une partie de 2014 sous Mario Draghi. Le président de la BCE à l'époque avait, compte tenu de la perte de compétitivité de la zone euro, érigé le taux de change en objectif explicite de la banque centrale. Nous n'en sommes pas là aujourd'hui. Mais la BCE a raison d'être pragmatique sur le sujet, car elle sait que ce que j'appelle le « test du taux de change », seulement virtuel en ce moment, pourrait bien devenir réel au cours des prochains trimestres…

Fin 2019, la BCE a lancé une revue stratégique de sa politique, et Christine Lagarde vient d'annoncer que l'exercice débouchera à l'automne prochain sur des propositions concrètes. Pourquoi mettre autant de temps ? Se télescopent ici la priorité des mesures face à la pandémie mais aussi un embarras certain des autorités monétaires, chez nous comme ailleurs. Le statut du taux de change ne sera probablement pas au centre de cette revue. L'attention principale va porter sur la cible d'inflation : faut-il la conserver ? Convient-il d'en modifier la définition précise, étant donné que depuis des années l'inflation effective est restée, pour de multiples raisons, en deçà de l'objectif (avoir un taux d'inflation moyen dans la zone euro inférieur à 2% mais proche de ce chiffre) ?

Vu les interconnexions multiples entre les principales variables économiques, on peut cependant imaginer que l'attention portée à l'automne au taux de change lors de cette revue stratégique va dépendre avant tout de l'évolution de la parité euro/dollar dans les prochains mois. Les faits sont têtus !

Valeurs associées

1,1296 USD Six - Forex 1 0,00%

3 commentaires

  • 28 avril 14:02

    Faut-il conserver la cible d'inflation? Lui aussi met en doute les accords de Maastrich.


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Assemblée annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway Inc, à Omaha
    information fournie par Reuters 03.05.2025 21:47 

    Warren Buffett a annoncé samedi qu'il démissionnerait de son poste de directeur général du conglomérat Berkshire Hathaway à la fin de l'année et en confierait les rênes à l'actuel vice-président Greg Abel. "Je pense que le moment est venu que Greg devienne le CEO ... Lire la suite

  • Le récap de la semaine du 28/04 au 02/05
    information fournie par Libertify 03.05.2025 05:00 

    Retrouvez tous les samedis matin en vidéo les informations essentielles de votre semaine boursière : les indicateurs et les valeurs qui ont fait l'actualité. Le tout sélectionné par l'intelligence artificielle.

  • Logo de l'App Store, le 26 août 2021 à Los Angeles ( AFP / Chris DELMAS )
    information fournie par AFP 03.05.2025 01:06 

    Apple autorise désormais les éditeurs d'applications aux Etats-Unis à passer, sans frais ou commission, par une autre plateforme de paiements que la boutique du groupe, l'App Store, pour se mettre en conformité avec une décision de justice, un tournant. Le groupe ... Lire la suite

  • Trader sur le parquet du New York Stock Exchange (NYSE). ( AFP / TIMOTHY A. CLARY )
    information fournie par AFP 02.05.2025 22:54 

    La Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, portée par un vent d'optimisme après la publication de chiffres de l'emploi américain meilleurs qu'attendu et la possibilité de négociations commerciales entre Pékin et Washington. Le Dow Jones a gagné 1,39%, ... Lire la suite

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.